
Benoît Barbagli Vautier : l’art comme offrande
Il part escalader les montagnes pour leur offrir des fleurs de sa main. Il court dans l’eau de mer pour y entonner
un morceau à la trompette, bientôt submergé par le flot des vagues. Des gestes qu’on pourrait croire absurdes s’il
n’en ressortait une énergie puissamment poétique, sensorielle aussi. À l’éco‑anxiété née du réchauffement
climatique, Benoît Barbagli Vautier répond par la jubilation de l’art comme élan de survie.
Issu des nouvelles générations de diplômés de la Villa Arson, le fils de la galeriste Eva Vautier porte cette vision
fédératrice à laquelle l’incontournable Ben a tant contribué. « Je dois beaucoup à mon grand‑père, il avait un
rapport très complexe à l’ego, et j’essaie de dépasser cette notion à travers le collectif », lance Benoît
spontanément. Si Ben parlait beaucoup d’ego, il a aussi invité tant d’autres artistes à montrer leur travail dans
ses expositions. De même, dans les grandes fêtes organisées aujourd’hui par son petit‑fils à la Villa Anna à Nice,
c’est une grande partie du monde de l’art azuréen qui se réunit au gré des amitiés, pour un moment chaleureux autour
de performances et expositions. Des soirées dont la saveur tient de l’effervescence des rencontres.

Résonateur sensible, 2024, Série Mythologie Subaquatique (participants : Aimée Fleury, Cédric Mounier, Moa Ferreira, Aurélie Derouin, Yoan Malet).
Rencontres entre le vivant et l’IA
Dans ses explorations plastiques, Benoît Barbagli Vautier aime à jouer avec les limites de l’art. Première idée
reçue à laquelle il tord doucement le cou, sans être jamais dans une violence dénonciatrice : une œuvre ne peut
avoir qu’un seul auteur. Avec Aimée Fleury, écoféministe diplômée du Pavillon Bosio à Monaco, il fait naître des
œuvres en duo comme ses Chrysalithes. Entouré de sa bande d’amis du collectif Palam, il retrouve la nudité
du contact avec la nature dans des photographies prises au drone, entre baignades dans l’eau turquoise de la
Méditerranée et danses dans les montagnes autour du feu. Des images qu’il retravaille ensuite grâce à l’IA pour
effacer les corps, dans une farandole de pixels. « J’aime ce retrait individuel à l’intérieur d’un processus
collectif, l’effacement des corps dans le mouvement pour en faire un moment purement formel, porté par des enjeux
écologiques », explique‑t‑il.

Chrysalithe – Antélia, 2021, coréalisé avec Aimée Fleury (Série Chrysalithe).
Des bijoux de bronze en fractales
« J’étais adolescent quand j’ai commencé à coder et je peux désormais m’appuyer sur ChatGPT. L’IA est à la fois un ami
et un ennemi collectif, qui rassemble l’ensemble des savoirs de l’humanité », poursuit‑il. Dans Le Grand B‑noïd,
le spectateur peut cocréer une œuvre avec l’IA, accompagnée d’une critique d’art fictive et d’une lettre de
présentation destinée à un musée. Un exercice qui titille le statut d’artiste — et ce, avec le sourire. S’appuyant
sur des formules mathématiques, le plasticien — qui a créé un Fablab alliant création contemporaine et savoir‑faire
artisanal — façonne des bijoux dont les formes rappellent autant l’organique que le numérique et l’impression 3D.
Porté par l’idée que l’art, c’est la vie — chère à Fluxus et à son aïeul — il conclut : « Si la création, c’est ce
qui rend la vie plus intéressante que l’art, alors le sens est partout et l’art n’est qu’un prétexte à la joie ».

Voler sous l’eau, 2021, Série Mythologie Subaquatique.

Portrait de l’artiste avec la contribution de l’IA.